La culture à Charleroi Métropole… Quelle place ? Quels enjeux ?
interviewNous donnons la parole à des acteurs de Charleroi Métropole, qui s’expriment sur les défis liés à leurs fonctions. Marie Noble, toute nouvelle directrice du Palais des Beaux-Arts, a répondu à nos questions…
CM : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai grandi dans le Brabant Wallon et je vis à Bruxelles depuis 30 ans. Mariée, deux enfants. J’ai obtenu un master en philologie germanique en ayant suivi une partie de mon cursus à Oxford puis Edimbourg. Je suis aussi titulaire d’un bac en philosophie, une discipline à laquelle j’attache une grande importance. Tout comme à la littérature contemporaine. J’ai toujours privilégié dans ma carrière professionnelle des challenges qui m’obligent à sortir de ma zone de confort et me permettent de réaliser des objectifs transversaux mêlant plusieurs secteurs d’activité. Ce sera encore le cas à Charleroi.
CM : Mons 2015, BOZAR, la Foire du Livre, votre asbl STATION… Vos expériences liées au secteur culturel sont riches et variées. Quel regard portez-vous sur la place qu’occupe la culture à Charleroi Métropole, et sur l’identité culturelle de la région ?
Depuis plusieurs lustres, le renouveau de la métropole passe résolument par son développement culturel. Le Musée de la Photographie, le Théâtre de l’Ancre, Charleroi Danse, le BPS22, le Rockerill, Quai 10, l’Eden, le Musée des Beaux-Arts et bien sûr le Palais des Beaux-Arts ont ou vont tour à tour faire peau neuve et proposent désormais une offre digne des plus grandes métropoles culturelles. On ne peut être qu’admiratif devant cette liste qui rend sa fierté à une cité délaissée par les industries qui en avaient fait la richesse. De plus, je suis persuadée que le développement culturel génère à terme des investissements économiques non seulement dans les domaines traditionnels de l’Horeca, du commerce ou des services mais aussi dans celui des innovations technologiques. C’est un pari sur l’avenir.
« Depuis plusieurs lustres, le renouveau de la métropole passe résolument par son développement culturel. »
CM : En tant que nouvelle directrice du PBA, à quoi seront dédiés vos premiers mois au sein de ce fleuron carolo ?
Tout d’abord et en toute modestie à prendre connaissance de ce vaisseau amiral. Le calendrier me permettra de faire mes premiers pas à Charleroi alors que Pierre Bolle n’aura pas encore pris sa retraite. C’est une chance de pouvoir être guidée pour plonger dans les arcanes d’une institution que je découvre petit à petit, de mieux connaître une équipe compétente et généreuse qui m’a déjà très bien accueillie en son sein. Je voudrais aussi prendre contact avec les forces vives de la métropole, les chefs d’entreprise notamment pour envisager avec eux des partenariats qui pourraient amplifier ceux qui existent déjà. Mais aussi avec les étudiants, les associations,… Et puis, ce sera à moi de préparer la rentrée de la saison prochaine même si elle a été conçue en grande partie par la direction actuelle.
CM : Sur le plus long terme, quelles ambitions avez-vous pour le PBA en particulier, et pour la culture à l’échelle de Charleroi Métropole de façon plus générale ?
La culture doit être à Charleroi Métropole un vecteur de développement structurel. Tous les facteurs positifs sont en place, des acteurs de premier plan, des infrastructures adéquates, un public réceptif, une volonté politique affirmée. Dans cet élan, le PBA doit jouer un rôle moteur, un peu comme le capitaine d’une équipe de football. Montrer l’exemple, affirmer sa place centrale tout en restant à l’écoute des autres, devenir une sorte d’agora où il se passe toujours quelque chose, où il fait bon s’arrêter ne fut-ce que pour prendre un verre. Notre situation géographique au sein du nouveau district culturel nous permet tous les rêves. Et partant de cela, j’ai l’ambition de faire de Charleroi Métropole une place-forte culturelle en Europe au cœur de partenariats enrichissants et d’échanges fructueux.
« La culture doit être à Charleroi Métropole un vecteur de développement structurel. »
CM : La BD occupe une place de choix dans le cœur des Métropolitains… Avez-vous des projets dans vos cartons pour ce secteur ?
La BD, et je dirais plus volontiers l’image, est au cœur de notre projet. C’est une volonté politique forte de faire de Charleroi Métropole un pôle d’excellence de la diffusion et sans doute aussi de la recherche en matière de narration graphique. Nous pouvons nous appuyer sur Dupuis, sur Dreamwall, sur le pôle universitaire pour créer un véritable laboratoire vivant dédié à l’image imprimée. Nous avons l’espace nécessaire, nous nous battrons pour obtenir les crédits suffisants. Des consultations avec les professionnels du secteur sont déjà en cours et je me baserai sur elles pour définir très rapidement les contours d’un projet concret.
« Nous souhaitons faire de Charleroi Métropole un pôle d’excellence de la diffusion en matière de narration graphique. »
CM : Vous rejoignez une institution culturelle phare de Charleroi Métropole, qui fait partie d’un riche réseau d’acteurs, de Centres Culturels, de musées… qui œuvrent dans des domaines très variés en faveur de la culture à Charleroi Métropole. Avez-vous des envies ou des projets de collaboration ?
Vous l’aurez compris à travers mes réponses, la transversalité est pour moi un leitmotiv. C’était mon rôle à Bozar comme à Mons 2015. Je ne vais pas changer en arrivant à Charleroi. Je connais déjà très bien la plupart des acteurs culturels pour avoir travaillé avec eux lors de l’aventure extraordinaire que fut Mons 2015, Capitale européenne de la Culture. J’ai hâte de les retrouver pour établir de nouvelles passerelles. C’est déjà fait avec le Théâtre de l’Ancre que nous accueillerons au Hangar pendant toute la durée des travaux de rénovation de leur salle. Et quant au pôle image dont j’ai parlé, il nous permettra très clairement de mener à bien des projets avec les institutions muséales.
CM : Et pour terminer… Un rêve ? Un souhait à nous partager ?
Qu’un adolescent, qu’une adolescente de Charleroi Métropole puisse demain réaliser les siens dans sa ville, s’y épanouir, y profiter des mêmes richesses culturelles que s’il ou elle vivait à Paris ou à New York, y trouver du travail, y fonder sa start up et ainsi contribuer, quelle que soit son origine sociale, au développement d’une métropole qui m’est déjà chère.