Ils révolutionnent la recherche médicale et le dépistage avec des automates
Oradiochem, Philippeville
Un challenge passionnant mais de prime abord peu compréhensible, même pour les proches de Vincent Tandino, patron de l’entreprise Oradiochem : “Je raconte à ma mère que je crée des sortes de fours à micro-ondes dans le but de produire des molécules radioactives qui permettent de détecter des maladies graves pour mieux pouvoir les soigner ».
Mystérieux pour vous aussi ? C’est normal, c’est un domaine de niche bien spécifique. Mais pas de panique, c’est passionnant et on va le comprendre ensemble.
Commençons par le début : imaginez, sur la grande route qui relie Philippeville à Vodecée, un bâtiment carré, avec le logo “ORA (Optimized Radiochemical Application)” à l’entrée. À l’intérieur, une cafétéria, des bureaux, une salle de réunion et plusieurs laboratoires basiques. On y croise une quinzaine de personnes de différents profils, du marketing et de l’administratif aux biochimistes en passant par les électromécaniciens. Tous les employés, des hommes pour la plupart, ont entre 25 et 45 ans.
Leur job ? Concevoir et programmer des machines
“Pour comprendre l’idée de nos produits, il faut imaginer qu’on élabore en quelque sorte l’intelligence de la machine à café dans notre domaine : le café, l’eau et la machine de base viennent des producteurs. Nous, on prend ces trois éléments, et on programme la machine afin de donner le meilleur café, et puis on la vend, pour que nos clients eux-mêmes puissent fabriquer le meilleur café.”
Concrètement, Oradiochem conçoit, produit et commercialise des machines biomédicales (automates synthétiseurs, pour être plus précis) dans le domaine de la détection des maladies, principalement d’Alzheimer. Ces automates qui permettent de combiner un produit chimique avec un isotope (substance radioactive) de manière à obtenir des traceurs radio-pharmaceutiques.
Les clients principaux de Oradiochem sont donc des laboratoires et des universitaires, qui préparent les solutions que les hôpitaux commandent pour leurs patients. Oradiochem a actuellement vendu 300 machines partout dans le monde, certaines avec un service de maintenance, d’autres pas.
Nos machines détectent les maladies dans le cerveau du patient, avec beaucoup de précision
Un robot qui mélange plusieurs produits
Pour fabriquer ces machines, les employés d’Oradiochem suivent les étapes précises de la création d’une molécule.
« En soi, le laborantin pourrait réaliser ce mélange lui-même. Mais ici la machine garantit la stabilité et la stérilité des produits mélangés, et surtout, évite à l’homme de se retrouver en contact direct avec la radioactivité« , raconte Laurian Brotcorne, Product Officer d’Oradiochem.
Certains produits sont radioactifs
L’entreprise s’est spécialisée dans la fabrication de machines qui utilisent des produits radioactifs. Les travailleurs et l’environnement direct de l’entreprise sont protégés de ces substances dangereuses. La machine, alimentée par un cyclotron, sera totalement automatisée et enfermée dans un caisson de plomb de plus de 5 tonnes.
À partir d’un modèle basique, les employés réalisent sans cesse des tests afin d’améliorer les solutions proposées. D’une part, ils adaptent le logiciel (software), télécommandé à distance via un ordinateur et, d’autre part, ils personnalisent l’appareil (hardware) afin que les bons ingrédients et les bonnes quantités soient sélectionnées, selon les différentes normes.
À Philippeville, on travaille sur la médecine du futur
À Philippeville, ils réalisent les tests « à froid », simplement avec de l’eau. Pour les étapes suivantes, ils se rendent à Liège et à Lyon, afin de travailler les machines « à chaud », autrement dit en utilisant des substances à base de produits radioactifs.
En quoi ces machines sont-elles tellement exceptionnelles ?
Tout d’abord, elles garantissent un mélange radioactif fiable pour le patient. Pas de risque pour lui. Ensuite, elles protègent les travailleurs en laboratoire de la radioactivité. De plus, elles assurent l’efficacité de la radioactivité : une solution préparée juste avant son injection est bien plus efficace que si elle a été préparée et transportée avant l’examen (ce type de radioactivité diminuant très rapidement avec le temps). Enfin, elles sont le symbole d’un progrès médical et de la promesse future d’une médecine préventive et sécurisée.
Le défi professionnel est donc de taille : les jeunes employés disposent encore de belles perspectives de développement de ces automates synthétiseurs pour lesquels la demande augmente tous les jours. Ensemble, ils travaillent sur des enjeux primordiaux de la société de demain, comme la santé préventive. Le tout dans une ambiance particulièrement agréable
Contact :
Oradiochem
Rue de la Gendarmerie 50/B
5600 Philippeville
info@oradiochem.eu
www.oradiochem.eu
©Photos/Leslie Artamonow