Le coeur de l’Entre-Sambre-et-Meuse bat au rythme des marches folkloriques
Marches folkloriques, Entre-Sambre-et-Meuse
Thuin, Gerpinnes, Walcourt, Jumet, Ham-sur-Heure, Thy-le-Château, Loverval, Ragnies, Beignée, Marbaix-la-Tour… On ne compte plus les villes et villages de Charleroi Métropole dont le coeur bat au rythme des tambours et des fifres à la belle saison !
Les Marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse, c’est bien plus qu’une bande d’amis qui font la fête en uniformes. Derrière ces festivités, se retrouve tout un engouement populaire qui rassemble les habitants de plus d’une cinquantaine de villes et villages.
Focus sur la Sainte-Rolende, Gerpinnes
“Le vendredi soir, je retourne chez mes parents pour célébrer la Marche. Le bruit des tambours et des fifres me met directement dans l’ambiance, ça me remplit d’énergie et de joie”, explique Gaël Gilbert, Porte-drapeau et Marcheur depuis son plus jeune âge.
Durant 3 jours, il va participer à la Marche Sainte-Rolende dans son ancien village, à Joncret. Ici, les retrouvailles se déroulent le samedi. La sortie solennelle a lieu le dimanche, et la journée est ponctuée de plusieurs temps forts, comme la messe dédiée à la sainte célébrée, le bataillon carré et la rentrée à l’église. Le lundi, une retraite aux flambeaux clôture les festivités.
Le bruit des tambours et des fifres me met directement dans l’ambiance, ça me remplit d’énergie et de joie
Le cortège des Marcheurs suit le Tour Sainte-Rolende, un parcours précis de 35 km dans les champs et campagnes environnants, marqué par plusieurs haltes.
Marcheurs, pèlerins, habitants et touristes
Le territoire de l’Entre-Sambre-et-Meuse compte au total plus de 10.000 marcheurs pour plus d’une centaine de marches folkloriques. Si chacune a ses propres traditions, elles présentent au moins deux éléments en commun : une escorte armée et une procession religieuse.
Comme toutes les marches, celle de la Sainte-Rolende nécessite l’implication de tout un réseau de personnes passionnées.
”Ici, tout le monde se connaît dans le cortège. Si pas personnellement, au moins de nom”, raconte Gaël Gilbert qui a toujours marché avec son papa, lui aussi Porte-drapeau. Les différents marcheurs occupent une place précise dans le cortège : cavalier, sergent-sapeur, sapeur, tambour-major, batterie, officier, etc. Ils portent un costume du premier ou second empire, qui varie en fonction de leur grade. Certains sont armés d’un fusil ou d’un tromblon.
Les marcheurs escortent les reliques de sainte Rolende. “Comme à l’époque, pour éviter de mauvaises rencontres, la procession religieuse est protégée par une milice armée”, indique Gaël Gilbert.
Des pèlerins suivent le cortège, tout au long du parcours. “Ça fait plusieurs années que je réalise le Tour Sainte-Rolende, je le fais pour une personne proche qui est actuellement en souffrance”, indique Julie, pèlerine.
Enfin, lors de cet événement, c’est toute la commune de Gerpinnes qui est en fête. Les habitants ouvrent leur porte et accueillent les marcheurs. “La Marche fait partie des fêtes familiales. Elle est au calendrier chaque année, sans exception, au même titre que Noël. On y participe d’office. C’est un véritable repère temporel”, précise Gaël Gilbert. Sa maman et son épouse, qui ne marchent pas, participent pleinement à la fête.
La Marche fait partie des fêtes familiales
Les touristes apprécient aussi ce folklore. Ils sont nombreux à assister au bataillon carré et à la rentrée à Gerpinnes.
Une préparation durant toute l’année
Les Marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse se déroulent de mai à octobre. Celle de la Sainte-Rolende a lieu le week-end de la Pentecôte.
En dehors de la sortie officielle, l’organisation de la Marche est bien ancrée dans la vie locale. “Des soupers sont organisés au profit des compagnies. À Joncret, au cours d’une tradition appelée le cassage de verre, les postes de chacun dans le cortège sont attribués”, indique Gaël Gilbert.
La fabrication des costumes et la préparation des accessoires mobilisent aussi les locaux. “On se retrouve avant la sortie officielle pour essayer les costumes, on vérifie les armes”, reprend-il. “Il y a un véritable savoir-faire avec ces costumes, qui passe de génération en génération”.
La musique réunit également les habitants. Les musiciens répètent ensemble tout au long de l’année. Les différentes mélodies, notamment jouées au fifre, ne se transmettent qu’à l’écoute, de musicien habitué à les jouer en musicien en apprentissage. Peu de partitions sont répertoriées.
Le Tour, que vont emprunter les Marcheurs et pèlerins, est déblayé. Les différents chemins et sentiers, entre les champs et les habitations, sont entretenus. Les chapelles, le champ qui accueille le bataillon carré et les abords de l’église pour la rentrée sont aménagés.
Chefs-d’œuvre du Patrimoine immatériel de l’UNESCO
Depuis 2012, les marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse sont inscrites sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité établi par l’UNESCO. Cette reconnaissance met en avant le folklore ancestral que ces nombreux Marcheurs continuent de faire vivre.
Les valeurs véhiculées par cette tradition séculaire unissent les habitants : les Marches rassemblent autour d’un projet commun. Elles contribuent à la fierté de l’entité, elles participent à la vie économique et sociale.
Contact :
Association des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse : http://www.amfesm.be
Chaque Marche est gérée par son propre comité organisateur.
Musée des marches d’Entre-Sambre-et-Meuse : http://www.museedesmarches.be
©Vidéo/Reed & Jérôme Gobin