La maison d’édition Dupuis, située à Marcinelle, publie le journal Spirou depuis plus de 83 ans. Ce magazine, unique en Europe, propose 52 pages de bandes dessinées inédites à ses 200.000 lecteurs.

“La première édition est sortie en 1938”, nous raconte Morgan Di Salvia, rédacteur en chef de Spirou. “Le point commun entre tous les numéros et toutes les histoires, c’est la bonne humeur, l’humour, les émotions.”

Le journal totalise plus de 4 300 numéros depuis sa création.

Ce journal hebdomadaire sort tous les mercredis et s’adresse à un public très large, dès l’âge de 7-8 ans. “Certains de nos lecteurs sont abonnés depuis plus de 70 ans”, précise-t-il. “C’est un journal familial.”

Un véritable laboratoire créatif

L’intérêt de ce journal réside notamment dans son côté ‘laboratoire’. Les auteurs et dessinateurs de BD peuvent tester leurs idées, en travaillant de manière collaborative avec l’équipe de Spirou. “Généralement, je reçois des centaines de projets par an. Je fais beaucoup de tri. Parfois, l’histoire n’est pas aboutie, parfois ce n’est juste pas le bon moment”, nous explique-t-il. “Si le projet est accepté, nous échangeons et collaborons avec l’auteur pour faire aboutir les planches en 8 semaines, en moyenne. »

Les auteurs et dessinateurs publient leur histoire sur plusieurs semaines. Ce mode de publication permet aux éditeurs ainsi qu’aux lecteurs d’évaluer le succès du héros, de l’univers, de l’histoire… “Avec Spirou, nous avons vraiment cette chance de voir évoluer certains univers de BD, de voir grandir les héros…”.

Créateur des nouveaux héros de demain

Le journal de Spirou est devenu une véritable institution dans le domaine de la BD. De nombreux personnages, publiés initialement dans Spirou, sont devenus des légendes dans le domaine. On pense notamment à Gaston Lagaffe, Spirou, Jill Jordan, Natacha, Boule et Bill… et, plus récemment, Les Nombrils, Louca ou Dad.

La ligne éditoriale repose sur cette idée de créer les héros de demain. « Pour qu’un héros ait une chance de devenir une légende, il faut que le lecteur se retrouve dans son histoire, qu’il s’y reconnaisse, qu’il éprouve de l’empathie à son égard.” Un bon héros est avant tout un personnage qui surprend et touche le lecteur.

Héritage au format papier

Malgré l’omniprésence de la digitalisation, le journal de Spirou continue à privilégier le papier. “Nous proposons une version sur écran pour ceux qui le souhaitent – certains lecteurs habitent en Australie et n’ont donc pas le choix du format -, mais nous gardons l’optique du format papier. Par contre, nous développons certains webtoons pour diffuser sur les réseaux sociaux, par exemple.”

Quant à la création du journal, le processus de travail s’est largement numérisé. Plus de 95 % des planches sont envoyées par mail. Pour l’équipe de Spirou, cette manière de travailler permet notamment de limiter le coût du transport et d’optimiser la gestion des planches originales.

“Nous utilisons le numérique pour l’opérationnel. Un auteur nous envoie sa planche par mail, nous corrigeons les fautes d’orthographe directement sur un fichier électronique, par exemple.”

Un ton identique, mais un journal qui évolue

Malgré les difficultés inhérentes au secteur de la  presse et la crise du Covid, le journal s’en sort bien. Il a observé une augmentation de 7% de son lectorat.

À l’avenir, l’équipe de Spirou va continuer sa recherche de nouveaux talents. Le milieu de la BD évolue sans cesse et apporte quotidiennement des nouveautés. “Les mangas commencent petit à petit à marquer leur influence dans notre paysage culturel. Il y a une ébullition permanente dans le domaine.”

Contact:
Le journal de Spirou
https://www.spirou.com/
Les Éditions Dupuis
Rue Jules Destrée, 52
6001 Charleroi
pastousalafois@spirou.com

©Photos et vidéo /Jérôme Gobin