La plus vieille église de Belgique se trouve à Charleroi Métropole… et fête cette année ses 1200 ans !
Collégiale Saint-Ursmer, Lobbes
Lobbes. Petite ville au charme bucolique à l’ouest de la Métropole, une localité bâtie sur une colline au pied de la vieille Sambre, et surplombée par la Collégiale Saint-Ursmer. La plus vieille église de Belgique, encore trop méconnue, est une visite incontournable pour qui explore la Métropole.
Cette année, la bâtisse fête ses 1200 ans d’existence ! Un jubilé fêté tout au long de 2023, et une raison de plus de partir à la découverte de l’histoire millénaire de ce lieu !
Découvrez sur le site web consacré à l’événement le programme des festivités !
En attendant d’en franchir les portes, redécouvrez ci-dessous l’article que Charleroi Métropole avait consacré à la collégiale
Au pied de la Collégiale, on apprend que cette doyenne des églises belges date de 823. “L’église a toujours servi : 48 générations se sont succédées pour y célébrer baptêmes, enterrements, temps de prière”, nous précise un passionné des lieux.
Des murs blancs et du plancher
À l’intérieur, la simplicité des lieux est frappante : des murs blancs épurés, des fenêtres classiques, un plancher au plafond. Rien à voir avec le style des collégiales que l’on peut avoir en tête. “Une sensation de dépouillement, de vide, peu d’âme”, raconte Laura, visiteuse. Pourtant, ce vide la détend.
Un autre couple de visiteurs, assis dans la crypte, a ressenti la même impression. Ils adorent : lui est complètement étonné par ce style bien atypique : “Cela vaut le détour”. Elle ressent la douceur qui émane de la crypte : “c’est reposant, c’est magique”.
Un lieu qui, effectivement, apaise au fil de sa visite.
Le style atypique de la Collégiale vaut le détour
Les premiers moines graphistes
Dans un coin de la Collégiale, entre les cierges et un autel, on découvre sur une bâche en plastique avec des dessins. Le sacristain explique qu’elle représente les premières illustrations – au monde ! – de la Bible, créées ici. Dans ce lieu, en 1084, le moine Goderanus a été le tout premier graphiste : il a révolutionné la Bible en illustrant les premières lettres des chapitres par des moments symboliques.
Ces illustrations ont aidé les moines à lire la Bible de manière plus vivante. Elles ont aussi fait jaser les iconoclastes de l’époque. Ce document historique très précieux se trouve au musée du Grand Séminaire de Tournai et est revenu à Lobbes pour des festivités. La sécurité des lieux étant très limitée, ce précieux bijou historique a passé la nuit au cachot de la police d’Erquelinnes.
L’histoire du chevalier Odin qui n’a pas eu de chance
Ici, impossible d’échapper aux légendes. À côté de celles de Martha qui est tombée dans le puits avec son bébé ou de la femme à la brouette qui parlait trop, l’histoire du chevalier Odin marque les visiteurs.
Ce chevalier espionne depuis quelques années l’Empereur de Mons et ne s’est jamais fait prendre. Jusqu’au moment où il se fait poursuivre dans la Collégiale, et qu’il décide de se cacher dans un tombeau. Les moines le trouvent. Il est couché dans le tombeau, tel un corps sans vie. C’est un magnifique chevalier blond en armure. Quand les moines le découvrent, le chevalier saute du tombeau, se fait poursuivre et rattraper. Le Chevalier Régnier au long col, qui accompagne les moines, décide alors de venger son empereur et lui tranche la tête juste devant la Collégiale.
On découvre deux traces de son histoire au sein de la Collégiale: le tombeau dans la crypte a été brisé lors de sa course et une pierre rouge, qui rappelle le sang qui a coulé sur le trottoir, se trouve au pied du mur de l’entrée. La pierre sert par ailleurs aujourd’hui à boucher une porte condamnée.
Un tas d’os sur le parterre de la Collégiale
Il est curieux de savoir que la Collégiale a été construite pour bénir un cimetière. On raconte que lors de l’aménagement des jardins autour de la Collégiale en 2006, les ouvriers ont rassemblé un énorme tas de terre devant l’entrée. Avec la rosée du matin, la poussière s’est retirée, et des milliers d’os sont apparus à l’air libre. Imaginez la tête des habitants les découvrant…
Un peu plus loin dans les jardins, on découvre les deux clochers, l’un est roman, l’autre carolingien. L’histoire raconte que le premier clocher a été construit au 11ème siècle avec l’aide d’un ours pour acheminer les matériaux, les chevaux et les boeufs étant tous partis avec les Croisés.
À l’aube, un tas d’os humains se trouvait au pied de la Collégiale
Les plus vieux rancuniers à Lobbes
Il faut aussi savoir qu’ici, il y a de sacrés rancuniers. Depuis 1409 et la bataille d’Othée, les habitants de Lobbes en veulent à ceux de Binche : après la défaite, les chanoines de Lobbes ont été transférés sous la gouvernance de Binche. Un changement de pouvoir qu’ils n’ont jamais digéré, au point d’organiser en 2009 une cérémonie pour faire cesser la rancune envers Binche.
Après un heure sur place et des rencontres au hasard, l’impression est confirmée : cette Collégiale et tous les secrets qu’elle renferme, malgré son apparence, vaut vraiment le détour.
Les habitants de Lobbes ont nourri une rancune pendant plus de 600 ans à l’encontre de ceux de Binche
Contact:
Collégiale Saint-Ursmer
Rue de l’Eglise 1,
6540 Lobbes
+32 (0)71 59 00 23
©Photos/Christophe Vandercam