Ces médecins soignent leurs patients dans un sous-marin
Montigny-le-Tilleul
À l’Hôpital André Vésale, entité du Centre Hospitalier Universitaire de Charleroi (C.H.U), le service de médecine hyperbare, intégré au service des urgences, soigne des patients en simulant une plongée à 15-30 mètres de profondeur.
Les différents patients, vêtus de chaussons et de peignoir, entrent dans le caisson hyperbare. Ce caisson est un long cylindre de 10 mètres, muni de hublots. On y rentre par une porte circulaire pesant plus de 3 tonnes. « Le caisson crée les mêmes effets qu’un sous-marin ou qu’une plongée sous-marine », explique l’anesthésiste Daniel Jacobs. « Les patients vont vivre la même expérience physique qu’un plongeur qui descend à 15 mètres de profondeur ».
En cours de traitement, la pression atmosphérique va augmenter jusqu’à 3-4 bars dans le caisson, à la différence de 1 bar à la surface, en dehors du caisson.
Les patients, installés sur un fauteuil ou dans un lit à l’intérieur du caisson, vont être reliés à un masque respiratoire. Ce masque fournit, selon la pathologie, 100 % d’oxygène (au quotidien, l’air qu’on respire est composé à 21 % d’oxygène) ou de l’héliox, un mélange d’oxygène et d’hélium. Un casque audio relie les patients au technicien, qui est à l’extérieur, aux commandes du caisson. Pour certains cas complexes, le personnel soignant accompagne le patient durant toute la durée du traitement.
Les techniciens hyperbares spécialisés contrôlent l’ensemble de l’installation, le parfait déroulement du traitement et la réalisation de paliers obligatoires de sécurité du personnel médical accompagnant (suivant les principes de respect des tables de plongée sous-marine). L’installation est contrôlée par ordinateur et manuellement en cas de nécessité.
Un voyage sous-marin
Lorsque tout le monde est installé, le ‘voyage sous-marin’ peut commencer. Les patients entament une descente durant 15 minutes. Quand le caisson a atteint la pression atmosphérique ambiante adéquate, à 15 mètres de profondeur, ils y restent 70 à 90 minutes. Ils remontent à la surface, en respectant une remontée lente de 15 minutes.
Durant la séance, ils peuvent écouter de la musique, lire, etc. « Les patients ressentent la même impression que s’ils étaient dans un avion en train de décoller ou d’atterrir », précise Léon Istasse, technicien.
Des résultats médicaux étonnants
L’augmentation de la pression atmosphérique et l’apport d’oxygène pur engendrent des effets très positifs sur différentes pathologies. « Les plaies cicatrisent mieux, par exemple, ou les symptômes comme les nausées, les maux de tête ou la fatigue liés à une intoxication au monoxyde de carbone disparaissent », indique l’anesthésiste.
En fonction de la pathologie et de son urgence, le nombre de séance dans le caisson varie de 5 à 30 séances par patient. Les patients peuvent être hospitalisés ou ambulants, sévèrement malades et alités.
Le caisson peut accueillir jusqu’à 12 personnes.
Un service spécialisé pour les plongeurs
Ce service médical accueille également les amateurs de plongée, sport que cet anesthésiste pratique d’ailleurs lui-même. Au quotidien, il est accompagné par son collègue, Stéphane Lefèvre, médecin hyperbare, plongeur sous-marin et spécialisé en médecine sportive. Ils sont chargés d’examiner les plongeurs afin de vérifier s’ils sont bien aptes à pratiquer ce sport ainsi que de soigner ceux victimes d’un accident de plongée.
Chaque année, ils s’occupent de 25 à 30 cas d’accidents de plongée, de différentes gravités, liés à la décompression. « En urgence, on installe le plongeur dans le caisson et on le fait descendre à 18 ou 30 mètres de profondeur durant plusieurs heures », explique le docteur Jacobs. « Le principe de traitement se base sur l’élimination des bulles gazeuses responsables de l’accident ainsi que sur la délivrance d’une quantité maximale d’oxygène aux différents tissus en souffrance. Plusieurs séances sont nécessaires et durent, selon la gravité, entre 2h et 7h30 ».
Depuis peu, à titre pédagogique, ce service organise des séances destinées à sensibiliser les plongeurs aux risques de changements de pression atmosphérique. « Installés dans le caisson, les plongeurs descendent à 35 mètres de profondeur et réalisent des calculs arithmétiques », explique-t-il. « On remarque que la réflexion se fait plus lentement lorsque la pression augmente. Certains d’entre eux découvrent l’ivresse des profondeurs. L’expérience est assez impressionnante ».
Le service compte une dizaine de médecins et une quinzaine d’infirmiers et techniciens. À l’avenir, le corps médical souhaiterait davantage collaborer avec d’autres services de l’hôpital.
Contact :
Hôpital André Vésale – Centre Hospitalier Universitaire (C.H.U)
Rue de Gozée, 706
6110 Montigny-le-Tilleul
+32 (0)71/92.15.11
www.chu-charleroi.be/sites/hopital-andre-vesale
©Photos/Alex Dossogne