Quand une commune de la Métropole s’éclaire et se chauffe à l’énergie verte
Unité de biométhanisation, Aiseau-Presles
“Nous avons lancé le projet de construction de biométhanisation en 2007 et, petit à petit, il s’est concrétisé. Nous avons été la première infrastructure publique belge à le faire.”
Inutile de décrire la longue procédure administrative du projet pour Frédéric Deyonghe, conseiller en Environnement à la commune d’Aiseau-Presles, à l’initiative du projet. Ce qu’il retient de l’expérience, c’est que le jeu en vaut la chandelle. “Ce projet est un réel apprentissage”.
Etude de faisabilité et réalisation
Tout a commencé par l’analyse de la situation : quels étaient les besoins en chauffage et en électricité des bâtiments communaux et de Sambrexpo, complexe sportif et culturel sur le territoire de la commune ? Est-ce qu’un système d’énergie verte est réalisable ? “Sur base d’une étude, la structure de biométhanisation a été dimensionnée. Pour que ce soit viable et rentable, il fallait au moins 40 % de subsides du pouvoir public, auxquels s’ajoutent d’autres aides”.
Première étape : estimer les besoins en chauffage et en électricité des bâtiments.
Après avoir complété de nombreux dossiers administratifs, la commune obtient le financement pour réaliser l’étude de faisabilité ainsi que les fonds nécessaires pour construire la structure : “Tout était neuf pour nous, il a fallu établir des marchés publics pour la construction de la structure, les matériaux… Des domaine dans lesquels on avait peu de connaissances”.
Finalement au bout d’une quinzaine d’années, l’unité de biométhanisation voit le jour. Elle est inaugurée en mai 2015.
Un fonctionnement bien particulier
La structure est installée sur plus d’un hectare et se compose d’un espace de stockage pour les matières agricoles (fumier, lisier, fiente, etc.) et le digestat (produit de la méthanisation), de deux cuves enterrées, d’un local technique avec une chaudière, le moteur de production d’énergie et un bureau.
À l’entrée du site, on trouve également une balance pour les tracteurs. “Onze agriculteurs du coin viennent déposer leur matière organique, on parle de biomasse agricole. La structure a besoin de 30 tonnes par jour. Ces mêmes agriculteurs récupèrent le digestat, qu’ils étendent sur leurs terres”. Le partenariat commune-agriculteurs est bien rodé : la commune dédommage les frais de transport pour acheminer les déchets, les fermiers repartent avec de l’engrais de qualité.
La difficulté de la gestion quotidienne
Une fois que la structure est installée, le plus compliqué est de gérer au jour le jour l’unité de biométhanisation. “On a eu un souci avec le moteur fin de l’année 2016, on a dû arrêter l’Unité. La production est alors passée de 90 à 60 % de sa capacité”. En théorie, l’Unité de production permet à la commune d’être autonome en chauffage et en électricité. Actuellement, ce n’est pas encore le cas.
Le processus doit encore être amélioré. “En principe, il y a un équilibre entre ce que la station de méthanisation apporte au réseau électrique, lorsque la demande de la commune est faible, et ce que la commune prend au réseau, lorsque la demande est importante, en hiver par exemple. Selon l’étude de base, cet équilibre nous assure d’une certaine manière une autonomie énergétique.”
La production de chauffage et d’électricité s’établit de manière équilibrée entre l’unité de biomasse et le réseau
Plusieurs personnes gèrent l’Unité. Un travailleur à temps plein a été engagé pour le fonctionnement technique et pratique de la station. “La personne qui travaille ici a une activité complémentaire d’agriculteur. Cela apporte une réelle plus-value à la connaissance des produits et à la gestion quotidienne ». Une autre personne, Frédéric Deyonghe, employé par la commune, consacre à présent la moitié de son emploi du temps aux charges administratives et de comptabilité que compte l’unité de biométhanisation.
Un exemple qui inspire d’autres structures publiques
Suite à cette expérience, d’autres infrastructures s’intéressent et s’inspirent du modèle auprès de la commune d’Aiseau-Presles. S’il devait recommencer, Frédéric Deyonghe améliorerait l’Unité en prévoyant une zone de stockage supplémentaire : “actuellement, il y a trois zones de stockage, cela fonctionne tout à fait bien mais ça serait plus confortable avec quatre”.
Ensuite, il établirait le marché public différemment. Pour lui, deux étapes d’appel d’offres séparées sont indispensables : une pour la construction des bâtiments et une autre pour le fonctionnement de l’outil.
Une chose est sûre : la commune est très fière de cette structure innovante. “On est la seule commune en Belgique, voire en Europe, à produire et à consommer de l’énergie verte”.
Contact:
Administration Communale
d’Aiseau-Presles
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6250 Aiseau-Presles
+32(0)71/26.06.11
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©Photos/Leslie Artamonow