Ces potiers défient la génération Ikea

03/07/2020

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Châtelet

Dans ce village réputé internationalement pour sa poterie depuis plus de 7 siècles, les artisans misent sur l’aspect unique de chaque pièce pour fabriquer la vaisselle de demain.

Avant tout, il faut savoir que les poteries de Bouffioulx sont fabriquées avec des ressources locales, en grès salé. La terre provient de Belgique et d’Allemagne, elle est travaillée à la main et cuite une seule fois à haute température.

Cette potière réalise des verres de bière personnalisés — La poterie de Bouffioulx s’exportait partout dans le monde il y a quelques années.

Durant la cuisson, quand le four atteint 1.260 degrés, du sel de mer est jeté à l’intérieur. Il produit un gaz qui donnera un aspect brillant à la vaisselle. “Non seulement la matière première est naturelle, mais tous les déchets sont recyclables”, explique Didier Lardinois, potier depuis 49 ans. “Quand une poterie est brisée ou cassée, on la refond et elle peut ainsi être réutilisée”.

Par ailleurs, contrairement à la porcelaine ou à la faïence, le travail du grès nécessite une cuisson de seulement 12 heures. Cela limite l’énergie consommée pendant cette phase.

Les pots résistent même à l’acide le plus puissant

Des pots à usages multiples

Si autrefois de nombreux pots servaient à décorer, aujourd’hui, la poterie s’utilise au quotidien. Les mugs, notamment, ont beaucoup de succès. “Avec la réduction des déchets, notamment du plastique, de nombreuses entreprises se tournent vers la poterie. Ils demandent par exemple de concevoir de jolies tasses pour le café avec l’enseigne de la boîte, pour éviter d’utiliser de la vaisselle jetable”, précise Didier Lardinois.

La demande est bien présente dans l’horeca. “Je réalise de nombreux verres pour Chimay ou Orval. Un collègue travaille pour Rochefort. Actuellement, je crée des calices pour Waterloo. J’en fabrique 100.000 par an”, reprend-il.

Verres de bière personnalisés en train de sècher

Il faut également savoir que le grès utilisé pour réaliser les poteries est dit imputrescible, c’est-à-dire qu’il est résistant à de nombreux liquides. “Au siècle passé, on utilisait les pots en grès pour conserver l’acide qui permettait de développer les photos”, précise Didier Lardinois. Les usages sont donc multiples.

Des objets uniques

Aujourd’hui, de nombreux potiers deviennent céramistes. Ils apportent une touche artistique à la simple vaisselle, ce qui donne un aspect unique à l’objet. “Chaque pièce est unique, elle a une âme”, explique Gwendoline Evrard, potière. “La personne qui achète une poterie la choisit. Le rapport à l’objet change complètement : on tient à l’objet, il est précieux, on y a mis un certain prix et, surtout, on est fier de le montrer, c’est un bel ouvrage”.

De nombreux designers se tournent vers les potiers pour réaliser les objets. Il existe des techniques très différentes, comme celle de la terre papier. “La terre est aussi fine que le papier”, reprend-elle, “l‘objet est superbe”

À côté des différentes formes, tous les coloris existent dorénavant pour la poterie en grès.

Pots réalisés en grès salé — Seul un coup de cœur va convaincre l’amateur de poterie d’acheter des bols et assiettes en terre cuite.

Des objets à transmettre

Autrefois, la poterie était bien intégrée à l’école. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Pourtant, la poterie permet de développer plusieurs compétences, dont la dextérité et l’imagination.

La poterie passionne les plus jeunes. “Le processus de fabrication est bénéfique et installe un autre rapport à la consommation. Les objets sont plus précieux. On a envie de les transmettre aux autres générations ».

Des initiations proposées par les potiers sont organisées tout au long de l’année. En juillet, chaque année, la fête de la poterie anime le village tout un week-end.